La tension monte en Autriche alors qu’il ne reste que quelques heures avant de voir les Formule 1 compléter leurs premiers tours du Red Bull Ring. Dans un contexte de Covid-19 toujours bien présent, les acteurs se préparent avec la plus grande prudence, mais aussi avec une certaine excitation non dissimulée. Renault et McLaren-Renault s’engagent dans une lutte serrée en milieu de peloton.
Encore quelques heures et nous saurons enfin si nos équipes ont progressé par rapport à 2019. De l’aveu unanime des spécialistes, il faudra fortement se méfier de Racing Point, et de sa copie à peine cachée de la Mercedes 2019 championne du monde en titre. Le Losange a pourtant bien travaillé, avec une R.S.20 évoluée et un Power Unit que l’on attend au niveau, après avoir été l’une des bonnes surprises l’an passé.
" Nous sommes tous dans un mouchoir de poche, la convergence est en train de s’opérer ", confirme Rémi Taffin, l’homme fort de Viry-Châtillon, à F1i.com.
" La saison passée, les traces GPS ont montré que Ferrari était un peu devant nous en termes de puissance, Mercedes un peu derrière, et Honda plus loin mais en train de rattraper son retard. Aujourd’hui, on ne peut plus dire qu’un motoriste développe 30 ou 40 chevaux de moins. "
La R.S.20 a de son côté montré des signes de progrès par rapport à la R.S.19. Si cette dernière n’était pas à l’aise sur le Red Bull Ring, ses pilotes se montrent plus rassurants grâce à de bonnes prestations obtenues lors des essais de Barcelone. La préparation effectuée avec une ancienne R.S.18 directement sur le circuit qui sera utilisé pour le Grand-Prix d’Autriche aidera également à orienter les réglages dans la bonne direction.
" Je sais que l’Autriche n’a pas été le tracé le plus favorable à l’équipe dans le passé, mais nous voulons inverser la tendance cette année ", explique Esteban Ocon.
" La R.S.20 était performante à Barcelone et nous avons beaucoup appris. Cela semble prometteur et nous aurons également de nouvelles choses sur la voiture. "
" Je crois que nous avons effectué de bons progrès sur la voiture aux essais hivernaux ", confirme Daniel Ricciardo.
" Nous ne savons jamais à l’avance comment cela se passera, mais toutes les écuries sont logées à la même enseigne. Nous avons une monoplace un peu différente de celle que nous aurions dû avoir en Australie, […], nous savons que le cœur de la grille sera assez serré, mais l’objectif est de réaliser une meilleure prestation que l’an dernier sur ce circuit et nous verrons où nous serons. Je donnerai tout et je suis convaincu que toute l’équipe fera de même. "
Renault lancera cette saison un duo de pilotes inédit, avec la présence d’Esteban Ocon aux côtés de son charismatique équipier australien. Le français a soif de compétition après avoir travaillé dans l’ombre au sein de l’équipe Mercedes l’an passé. La détermination est d’autant plus grande que notre jeune pilote sait qu’il a une chance de devenir le leader naturel du Losange, après l’annonce du départ de Daniel Ricciardo.
" Cela fait un an et demi que j’attends d’être à nouveau sur la grille en Formule 1, donc il me tarde vraiment d’y être ", affirme-t-il.
" C’est fantastique de commencer la saison. Nous avons fixé nos objectifs, nous savons ce que nous voulons réaliser en piste et je sais ce que je dois faire au volant. Un travail conséquent a été mené pour préparer ce premier rendez-vous, je suis avec une équipe géniale, je pilote une voiture compétitive, donc j’ai assurément les crocs ! "
Depuis la présentation de la R.S.20, Renault a toujours fait preuve d’une certaine prudence à l’heure d’évoquer ses prétentions pour une saison 2020 – et désormais 2021 – qualifiée(s) de transition. L’objectif reste cependant bien de récupérer la quatrième place du classement des constructeurs, et de voir l’équipe décrocher ses premiers points dès cette première manche d’ouverture.

Le Losange devra faire la différence dans un peloton que l’on dit très rapproché, avec non seulement une écurie Racing Point classée comme favorite, mais aussi une structure McLaren-Renault, cliente de la firme de Boulogne-Billancourt, en bonne posture. Bien qu’en proie à quelques difficultés financières, la formation de Woking - qui a légèrement modifié sa décoration (illustration ci-dessous) - aborde sa dernière année aux côtés de Renault avec la conviction de disposer d’une bonne auto.
" Pour être honnête, je ne m’attends pas à un grand changement en termes d’équilibre des forces cette année et aussi pour l’année prochaine ", estime Andreas Seidl, cadre majeur de McLaren Racing.
" Parce qu’avec la façon dont le règlement est conçu aujourd’hui, avec un énorme transfert possible de la voiture de cette année également sur l’année prochaine, je m’attends à peu près au même type d’équilibre des performances entre les trois meilleures équipes et le milieu de grille. "
" Avec ce que nous avons vu à Barcelone, je pense que nous pouvons nous attendre à voir Racing Point très forte. Parce qu’avec la façon dont ils ont développé leur voiture avec Mercedes, ils seront forts. Nous nous attendons à une très forte lutte, encore une fois, en milieu de grille ", ajoute-t-il.
Les essais privés ont laissé penser que la McLaren-Renault MCL35 est une monoplace bien née, digne héritière de l’excellente MCL34. Propulsée par le Power Unit au Losange, l’auto peut légitimement prétendre pouvoir conserver la quatrième place du classement des constructeurs que sa devancière avait obtenu avec brio.
" La MCL35 s’est vraiment bien comportée lors des essais hivernaux, une continuation positive de ce que nous avons eu l’année dernière, donc je suis très excité de pouvoir enfin concourir cette saison ", explique Carlos Sainz Jr, son pilote.
" L’année dernière, nous avons bien performé en Autriche, nous nous sommes battus pour les points en partant en fond de grille à cause d’une pénalité, donc nous savons qu’il y a beaucoup d’opportunités de dépassement en piste. Cependant, il est difficile de prédire avec confiance notre performance compte tenu du temps passé depuis, sans courir. "

Le fait de courir deux fois sur ce circuit du Red Bull Ring avec une seconde manche programmée le week-end d’après pourrait également bouleverser la hiérarchie, avec la possibilité pour les équipes de revoir leur copie d’une semaine à l’autre. Un défi qui intéresse Lando Norris, le second pilote McLaren-Renault.
" Je suis heureux que nous repartions en Autriche, c’est une piste formidable, rapide, et nous y avons réalisé de bonnes performances l’année dernière. Ce sera un défi intéressant d’y courir deux week-ends de suite, mais aussi une excellente occasion d’analyser comment la première course aurait pu se dérouler différemment et d’ajuster notre stratégie pour la seconde ", affirme-t-il à ce sujet.
Après de trop nombreuses semaines sans action, il est maintenant temps de laisser les moteurs s’exprimer sur la piste du Red Bull Ring vidée de ses supporters. Renault se lance dans une saison inédite qui a d’ores et déjà une place à part entière dans l’Histoire de la Formule 1 avec le contexte que l’on connaît. Sportivement parlant, la lutte promet d’être belle dans le peloton, avec un Losange que l’on espère plus affûté et régulier dans ses performances que lors de la précédente campagne. Un espoir réaliste pour une formation déterminée à donner un nouveau souffle à son programme F1.