Les 6 Heures de Monza disputées le week-end dernier a donné un bon aperçu du rapport de force à prévoir pour la prochaine édition des 24 Heures du Mans (21-22 août) dans la catégorie Hypercar du Championnat du Monde d’Endurance WEC. Favori, Toyota s’est imposé mais au prix de plusieurs mésaventures, là où Alpine décroche la seconde position après une prestation irréprochable. Derrière, Glickenhaus se place en observateur de luxe.

Avec ses longues lignes droites, le circuit de Monza offrait un parfait entrainement aux acteurs de la prochaine édition des 24 Heures du Mans. À l’image des précédentes épreuves de cette saison 2021 du WEC, la hiérarchie de la classe Hypercar a été respectée, avec une équipe Toyota dominatrice, devant une valeureuse formation Alpine, et la débutante mais non moins intéressante Glickenhaus. Pole-man puis victorieuse, la première citée a répondu à son statut de favorite. Alpine ne doit toutefois sa défaite majoritairement qu’à son désavantage en matière de consommation de carburant, du fait d’une réglementation pensée pour favoriser les motorisations hybrides – celle de Toyota.

Alpine peut en effet difficilement se reprocher quelque chose ce week-end. Troisième sur la grille, l’A480 n’a commis aucune erreur en course, prenant la tête et jouant la victoire jusqu’au bout. Il faut dire que sa rivale japonaise a connu des déboires, laissant un certain suspense tout au long de l’épreuve. On le comprend assez facilement, Toyota dispose de la vitesse – et de cet avantage en termes d’autonomie de carburant -, Alpine de la fiabilité. Le prototype français n’a souffert d’aucune fragilité sur cette course, et a pu déployer une stratégie efficace permettant de conserver ses chances. Une copie parfait insuffisante cependant pour lutter contre sa rivale japonaise. Frustrant.

" On sait qu'à la régulière aux 24 Heures du Mans, il sera compliqué de battre les Toyota ", reconnaît Philippe Sinault, Directeur du team Signatech-Alpine. " Mais je n'ai pas dit impossible. Il faut être tout le temps présent, juste derrière eux pour essayer de profiter de la moindre de leur erreur ou leur mettre la pression pour les pousser à la faute, et c'est ce que l'on a montré sur toutes les courses depuis le début de l'année. À Monza, il nous a juste manqué un peu de performances par rapport à la course précédente à Portimão, mais l'auto a été fiable et les pilotes n'ont commis aucune faute, tout en étant capables d'augmenter le rythme quand il le fallait. "

" Nous sommes de plus en plus solides et nous allons faire en sorte d'améliorer encore notre copie avant Le Mans. Cette course nous a permis de montrer que l'on est là. Si on les pousse, Toyota peut encore commettre quelques petites erreurs : on l'a vu sur leur dernier ravitaillement où l'opération d'un préposé au changement de roues a été regardée de près par les commissaires sportifs, pour être certains qu'il n'y avait pas eu de grosse erreur de manipulation commise, comme l'impose le règlement. La grosse satisfaction c'est de remarquer depuis leurs caméras embarquées que pour rester devant nous, les pilotes Toyota n'amusent pas le terrain : ça bloque les roues, ça tire tout droit... ", ajoute-t-il.

Un avis partagé par Nicolas Lapierre, l’un des pensionnaires de l’A480.

" Une belle course de préparation aux 24 Heures du Mans, même si elle est un peu frustrante au final car nous ne gagnons pas alors que notre stratégie s'est bien déroulée ", affirme le français. " Avec Matthieu (Vaxivière) et André (Negrao), nous formons vraiment une bonne équipe de pilotes ; nous n'avons commis aucune faute, sur un rythme auquel on s'attendait. Bonne fiabilité aussi, […], nous avons aussi progressé un peu en autonomie, même si nous conservons ce handicap d'un réservoir de carburant plus petit que sur les autres voitures. : nous nous sommes rapprochés un peu des Toyota. Il en reste à faire mais tout va dans le bon sens. Le plus dur à accepter c'est qu'à l'inverse de nous, Toyota mène une course loin d'être parfaite : ils s'arrêtent une minute au milieu de la piste, ils vont deux ou trois fois tout droit et malgré tout, on finit quand même un peu loin. "

" On se focalise maintenant sur les 24 Heures du Mans et c'est intéressant de noter que sur une épreuve de seulement six heures, Toyota a déjà des problèmes ; cela veut dire qu'ils ne sont pas infaillibles. Il pourra se passer des choses et nous serons à l'affût. Monza est la troisième course que l'on fait sans problème du début à la fin, avec une fiabilité parfaite et en ayant mené aussi à chaque fois. Nous étions là ! À nous d'en profiter ", précise-t-il.

Voilà tout l’enjeu de ces prochaines 24 Heures du Mans. La vitesse contre la fiabilité. La seule façon d’Alpine de battre Toyota. Une situation attendue lors de la mise en route de ce programme Hypercar, avec la reprise du prototype Rebellion (désormais appelé A480). Il reste désormais quelques semaines pour poursuivre la préparation de l’épreuve Mancelle, avant de vivre de nouvelles belles émotions, à l’image de cette seconde position décrochée à Monza qui va à elle seule galvaniser l’équipe, après ses deux précédents podiums et l’obtention d’une pole position. La bataille n’est pas terminée.