Renault l'a dit à maintes reprises : Red Bull est son écurie usine. Ce statut n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui suite aux problèmes rencontrés sur le V6 Turbo. La collaboration entre le Losange et le Taureau rouge a été si proche que les deux entités n'hésitent pas à comparer leur fonctionnement à celui d'une écurie constructeur telles que Ferrari et Mercedes.

"Durant ces semaines nous n’avons jamais autant ressemblé à une équipe comme Mercedes. Un motoriste et un département châssis sous le même toit", affirme Rémi Taffin dans des propos relayés par Nextgen-Auto.com.

Le français sait de quoi il parle, lui qui a connu la belle époque Renault F1 Team avec le département châssis à Enstone et le moteur à Viry-Châtillon. Une situation comparable à celle de Red Bull avec l'usine à Milton Keynes. "On n’a jamais autant travaillé ensemble. Cette épreuve a finalement abouti à un rapprochement bénéfique", ajoute le français.

Ce que tout le monde imaginait, Renault le confirme : Red Bull est la priorité du Losange. Jusqu'à présent, le motoriste français souhaitait traiter à égalité ses clients mais Rémi Taffin l'avoue, l'implication du taureau rouge oblige Renault à privilégier cette formation, au détriment des autres et en particulier de Lotus.

"Red Bull est un client que nous voulons traiter à égalité avec les trois autres mais on s’est pas mal recentré sur lui", concède le français.

Il faut dire que Red Bull a mis les moyens pour aider Renault. Quinze ingénieurs ont été dépêché à Viry-Chatillon pour travailler sur le logiciel. Et pas question paraît-il de faire bénéficier de ces évolutions aux équipes Lotus et Caterham (Toro Rosso appartient à Red Bull et a participé à ce chantier). De quoi créer un sentiment d'inégalité entre les clients du Losange.

Gérard Lopez notamment s'est plaint de cette situation en Chine. Renault n'a pas donné les dernières évolutions à Lotus alors que Red Bull en disposaient. Trop c'est trop ! Et le luxembourgois de demander ouvertement un traîtement analogue à l'écurie autrichienne.

Mais cette inégalité ne serait pas uniquement liée à l'investissement de Red Bull chez Renault. Le manque de moyen du Losange serait en cause. Cela expliquerait en grande partie le retard du V6 Turbo sur son homologue allemand. Chez Red Bull en tout cas, on se dit "impressionné" par le travail de Renault, surtout avec "leur petit budget et leurs effectifs réduits par rapport à Mercedes", affirme une source anonyme sur Nextgen-Auto.com.

Et d'ajouter, "on a l’impression que c’est là que le bât blesse". Une phrase lourde qui résonne comme un appel du pied à la Direction de Renault pour augmenter le budget du département F1.

Peut-être la raison pour laquelle Helmut Marko n'hésite d'ailleurs pas à critiquer Renault dans la presse. Un moyen pour faire réagir la firme de Boulogne-Billancourt. Celle-ci a longtemps refusé d'admettre son retard et la communication passait mal entre les deux entités, a révélé une source anonyme de Red Bull, citée par Sport Auto et Nextgen-Auto.com.

Les essais de Jerez ont permis de mettre en lumière ces difficultés, et de relancer la machine. Aujourd'hui, en off, Red Bull assure "ne pas en vouloir à Renault" et de se montrer au contraire "admiratif" des efforts fournis jusqu'à présent.

Comme dans un couple, il y a des hauts et des bas. Il y a quelques mois, Red Bull et Renault étaient probablement dans une spirale négative. Les événements ont poussé les deux entités à revoir leur mode de fonctionnement et cela semble porter ses fruits. Un mal pour un bien finalement.

Avec l'implication également importante de la Scuderia Toro Rosso, Red Bull et Renault n'ont probablement jamais été aussi proche l'un de l'autre. C'est peut-être ce qu'il faut pour affronter la très puissante écurie Mercedes.

En espérant que les équipes Lotus et Caterham ne paieront pas les conséquences de ce nouveau fonctionnement même si Renault l'assure : toutes les formations disposeront du même matériel pour le Grand-Prix d'Espagne.