Renault a marqué un peu plus de son empreinte le championnat de Formule E, en devenant samedi le premier constructeur à réaliser un triplé, au terme d’un ePrix de Santiago épique. En dépit de ressources majoritairement allouées au développement du powertrain de la saison 5, la firme au Losange a démontré que sa technologie ZE17 en a encore sous le ventre, et reste plus que jamais la référence de cette compétition.
À n’en pas douter, la concurrence est plus que jamais renforcée sur ce millésime 2017-2018, mais Renault parvient encore et toujours à faire la différence, grâce en grande partie à son écurie cliente Techeetah. Avec une victoire, deux pole positions et deux autres podiums, la structure chinoise devient la première à décrocher un doublé, après avoir déjà signé une première campagne 2016-2017 plus que convaincante. Elle se paie même le luxe de dominer l’équipe usine du constructeur français – Renault e.Dams -, auteur d’un début de saison plus délicat.
Si le Losange peut s’interroger sur cette domination, les employés de Viry-Châtillon ne peuvent s’empêcher d’apprécier le bon usage fait par Techeetah de sa technologie ZE17. Celle que l’on craignait voir être submergée par une concurrence réarmée a du répondant, et fait taire tous les sceptiques. À l’issue de cet ePrix de Santiago, c’est bel et bien le powertrain Renault qui figure en tête des deux classements pilotes et constructeurs avec Techeetah. De quoi rendre fière l’équipe chinoise, aujourd’hui sur son petit nuage.
" C’est vraiment incroyable d'être le leader du championnat en tant que seule équipe cliente du championnat, je suis très heureux de la performance de l’équipe ", se félicite Mark Preston, le Team Manager de Techeetah.
" C'était vraiment bon de voir André montrer ce dont nous avons toujours su qu'il était capable de faire et de voir Jean-Éric de retour sur la plus haute marche du podium. Nous avons deux pilotes extrêmement compétitifs et compétents qui ont prouvé aujourd'hui qu'ils ont ce qu'il faut pour courir au sommet. "

Techeetah a pourtant eu peur. La collision entre ses deux pilotes aurait pu tout gâcher, tandis qu’à sept tours du but, les communications radios et visuelles ne fonctionnaient plus.
" À sept tours de la fin, l'équipe a perdu à la fois la communication radio et les visuels, ce qui rend la performance de nos deux pilotes encore plus impressionnante, […], au cours de cette période, nous avons eu un moment poignant où la voiture d'André a embrassé l'arrière de la voiture de Jean-Éric, sans que nous puissions le voir ! ", ajoute le britannique.
Pilote leader et impliqué dans le management de Techeetah, Jean-Eric Vergne ne peut cacher sa satisfaction. Son équipe est en train de réaliser un véritable exploit, d’autant que son statut de client l’empêche de rouler autant que les constructeurs en essais privés.
" C'est fantastique de remporter ma deuxième victoire en Formule E et ma sixième pole position. Je me suis qualifié en pole et j'ai gagné la course, ça ne peut pas être mieux que ça. Je tiens à remercier toute l'équipe pour le travail acharné et les efforts qu'ils ont déployés. C'est vraiment agréable de voir qu'une équipe cliente peut se battre avec les constructeurs dans une série aussi compétitive que Formula E ", se réjouit Jean-Eric Vergne.
Après trois premières courses poussives, André Lotterer a de son côté pris la mesure de sa voiture pour en tirer tout le potentiel et s’offrir les 18 points de la deuxième position. L’allemand n’est d’ailleurs pas passé loin de décrocher la victoire.
" C'était vraiment bien d'avoir obtenu mon premier podium en Formule E et d'être là avec Jean-Éric sur le podium, c’était un moment spécial pour moi et pour l'équipe. Je suis vraiment heureux d’être second aujourd'hui. La saison est encore longue et nous continuerons à travailler dur et à prendre les choses course par course ", assure André Lotterer.

Sur le plan comptable, c’est le carton plein pour Techeetah. À l’exception du meilleur tour, l’écurie cliente de Renault a tout raflé. Les trois points de la pole position ainsi que le doublé lui offrent en effet 46 unités, propulsant Techeetah en tête du classement des constructeurs et des pilotes avec respectivement 2 et 5 unités de plus que son plus proche poursuivant.
Le constat est moins exaltant mais n’en reste pas moins positif pour Renault e.Dams, l’équipe usine de Renault. La structure française démontre les progrès aperçus à Marrakech, avec un samedi solide, notamment grâce à un Sébastien Buemi dans le coup.
Qualifié en deuxième position, le suisse a raté son envol mais a su se rattraper en prenant l’ascendant sur Nelson Piquet Jr, et non sans une résistance impressionnante sur l’ensemble des 37 tours, avec des voitures systématiquement collées à son aileron arrière. Comme André Lotterer, la victoire était elle aussi proche mais cette saison plus que jamais, la copie doit être parfaite pour espérer finir sur la première marche.
" Nous obtenons un bon résultat au Chili, avec la deuxième place des qualifications et la troisième marche du podium. Je suis tout de même un peu déçu, car je pense que nous avions la voiture pour faire un peu mieux ", estime Sébastien Buemi.
" J’ai perdu deux places au départ, puis un peu de temps lors de mon changement de voiture pour ne pas risquer de prendre une pénalité. "
" Je suis satisfait d’avoir résisté à Rosenqvist dans les derniers tours : contrairement à Marrakech, il n’a pas réussi à passer cette fois ! Ces quinze points sont importants, pour moi et pour l’équipe. Nous allons nous tourner vers Mexico en espérant faire encore mieux là-bas ", ajoute le Champion 2015-2016.

Sans impressionner son monde, Nicolas Prost a rendu une copie plus intéressante, mais il reste du boulot au français avant d’espérer retrouver le niveau qui était le sien il y a plusieurs mois.
" Il y a beaucoup d’éléments positifs à retenir de cette journée. Notre rythme était bon en toutes circonstances et c’est un réel progrès par rapport à Marrakech. J’ai fait une petite erreur en essais libres 2, ce n’est jamais idéal mais j’ai réussi à être dans le coup en qualifications ", explique Nicolas Prost, dixième.
" En course, j’étais également sur un bon rythme, puis j’ai dû faire mon arrêt un tour trop tôt et j’ai perdu du temps derrière Turvey qui était au ralenti. Tout n’a pas été dans le bon sens, pourtant je suis positif. Nous allons de l’avant et je pense que nous pouvons vite revenir dans le top 5 ", espère-t-il.
Avec ses 16 points, Renault e.Dams remonte au classement avec la cinquième position dans le tableau des équipes, et la quatrième chez les pilotes, mais l’écart peine à se réduire vis-à-vis de la première place, avec toujours respectivement 45 et 34 unités de retard.
" Le bilan est positif pour l’équipe, avec les deux voitures dans les points et un podium pour Séb ", commente Jean-Paul Driot, le co-propriétaire de Renault e.Dams.
" Nous avons toutefois un peu d’amertume, car nous espérions jouer la victoire en partant depuis la première ligne. Le départ n’a pas été bon, tout comme la performance du premier relais qui n’était pas au niveau escompté. Le résultat de la course a été fortement compromis à ce moment. "
" Néanmoins, nous avons réussi à regagner une place pour placer Séb sur le podium et à faire rentrer Nico dans les points. Depuis Marrakech, nous avons démontré que nous sommes dans la partie. Les écarts sont plus serrés que les saisons précédentes et il faut rendre une copie parfaite pour viser la victoire. Nous allons tout mettre en œuvre pour analyser les données et comprendre ce qui a manqué aujourd’hui, avec l’objectif d’être encore plus performants au Mexique. Le niveau est tel qu’il est essentiel de marquer des points avec les deux voitures à chaque course. La régularité sera notre principal objectif pour la suite de la campagne sud-américaine ", conclut-il.
Cette performance d’ensemble a tout de même de quoi rassurer, même si la saison 2017-2018 est plus que jamais indécise, avec la nécessité de rendre une copie parfaite pour espérer briguer les premières positions. Techeetah se charge pour le moment de faire briller le Losange, en attendant de voir Renault e.Dams franchir l’ultime étape de son retour aux avant-postes. Vivement la suite !