Il y a décidément un monde, aujourd’hui, entre les deux programmes officiels du Groupe Renault portés par la marque Alpine. D’un côté, la Formule 1 où les tergiversions en coulisse agitent la presse spécialisée bien plus que les résultats en piste, et de l’autre l’Endurance, où la discrétion laisse place à des résultats de premiers ordres. Dernier exploit en date, ce samedi à l’occasion des 6 Heures de Spa-Francorchamps, où Alpine a joué la victoire et donné de sérieux frissons.

Quel contraste entre les deux mondes dans lequel le A fléché évolue. Nous ne cessons de le dire mais le programme Endurance est parfaitement mené par les équipes de Philippe Sinault depuis 2013, et ce dernier week-end de course vient à confirmer cette tendance. Alpine était un acteur majeur des 6 Heures de Spa-Francorchamps, en lutte pour la victoire tout au long de la course, jusqu’à même espérer décrocher la timbale dans les dernières minutes. Cela se termine néanmoins pas un podium derrière les (presque) intouchables Ferrari.

C’était un beau rendez-vous sport automobile où les dépassements, le suspense et la performance ont accompagné les spectateurs venus en masse (98.874) sur le circuit belge. Pour Alpine, la belle histoire débute dès les qualifications avec la présence des deux prototypes en Hyperpole. L’exercice du tour rapide place la numéro 36 au sixième rang tandis que la 35 se positionne à la neuvième place. Une grille idéale pour aller chercher de gros points.

Alpine va cependant jouer davantage. Les premières 30 minutes permettent à la 36 de remonter jusqu’au deuxième rang, là où la 35 se maintient dans le top 10. Aux jeux des arrêts et de la gestion de l’énergie, Alpine se montre très efficace. L’équipe prend les commandes de la course tandis que son second prototype intègre le top cinq. Elle tient le cap mais les aléas vont contrarier ses plans, comme souvent en Endurance.

La 35 est tout d’abord pénalisée pour une infraction sous le régime de la voiture de sécurité virtuelle. Leader, la 36 rencontre une crevaison lente. L’impact est minimisé par une parfaite gestion de l’équipe mais les pilotes doivent malgré tout engager une remontée. Elle sera spectaculaire jusqu’à repositionner l’A424 sur le podium, avec en ligne de mire la première place détenue par Ferrari. Les dernières minutes sont d’ailleurs irrespirables.

Dans une gestion de l’énergie, Alpine peut s’éviter un second arrêt, là où le doute est permis chez les rouges. Un passage du prototype italien laisserait alors la deuxième place voire la victoire au A fléché. L’expérience parle cependant et Ferrari parvient à garder le cap. Mick Schumacher, énorme ce samedi, termine troisième à moins d’une seconde du… second ! En six heures de course, quel faible écart ! La seconde Alpine termine huitième avec l’obligation d’un arrêt dans les derniers moments.

Ce résultat et cette prestation d’ensemble permettent aux journaux d’évoquer un duel Ferrari – Alpine comme tête d’affiche de ce rendez-vous belge. Un message particulièrement puissant d’un point de vue marketing pour le A fléché ! Cette double entrée dans les points – et ce podium – permettent en tout cas à Alpine de consolider sa quatrième place du classement des constructeurs, avec 34 points (contre 64 pour BMW troisième et 29 pour Cadillac cinquième).

" C’est une grande satisfaction de décrocher notre deuxième podium consécutif ", se félicite Philippe Sinault, Team Principal Alpine Endurance Team. " Ce résultat est un bon signal envoyé par toute l’équipe et nous avons joué la victoire pour la première fois. Nous avons donc été performants à Imola et Spa, deux circuits très différents. Cela montre que nous commençons à bien comprendre notre package et à bien l’exploiter sur des tracés exigeants. "

" Nous sommes toutefois conscients qu’il reste énormément de points à améliorer et de petits détails à affiner. Notre course a été solide, mais elle n’a pas été parfaite et nous avons encore vu que la moindre erreur peut tout compromettre. L’objectif est désormais de s’appuyer sur nos acquis et de consolider nos bases pour arriver mieux armés au Mans qu’il y a douze mois ", ajoute-t-il.

" C’était une belle course de l’équipe et c’est vraiment satisfaisant de finir à nouveau sur le podium ", ajoute Nicolas Lapierre, Directeur Sportif Alpine Endurance Team. " C’est la première fois que nous avons pu réellement nous battre aux avant-postes du début à la fin, et je suis ravi des progrès accomplis et du rythme que nous avons su maintenir en course. Malheureusement, la n°36 a été freinée par une crevaison lente impactant notre stratégie. "

" De l’autre côté du garage, la course de la n°35 a été compliquée par une pénalité qui les a placés dans une situation difficile. Malgré tout, nous terminons avec nos deux équipages dans le top huit, ce qui reste un résultat solide compte tenu du niveau de la concurrence. Cela confirme notre montée en puissance collective, et c’est de bon augure à l’approche de notre grand objectif de l’année ", précise le français.

À quelques semaines à peine des 24 Heures du Mans, l’écurie usine du Groupe Renault a certainement livré la prestation dont on pouvait rêver. En tout cas, elle va susciter de vifs espoirs pour l’épreuve mancelle, à condition que la Balance des Performances reste favorable à l’A424. Toujours est-il que la bonne exécution, le solide niveau des pilotes et l’expérience accumulée seront là pour accompagner Alpine, dont la fiabilité – grande faiblesse en 2024 – a également été retravaillée. Rendez-vous les 14-15 juin prochains.