Si les yeux sont aujourd’hui majoritairement tournés vers la Formule 1 avec un certain emballement médiatique autour de la nouvelle écurie Alpine, cela ne doit pas faire oublier l’engagement de cette dernière au plus haut niveau de l’Endurance. Sous l’égide de l’équipe Alpine Endurance Team, la représentante du Groupe Renault s’apprête à disputer la saison 2021 au sein de la catégorie reine, faisant le choix de rouler avec une ancienne LMP1 rebadgée là où la concurrence se lance avec les nouvelles Hypercar. Une stratégie qui pourrait s’avérer payante, au bénéfice d’une balance des performances favorable.

Alpine Endurance Team est engagée depuis plusieurs semaines dans une course contre-la-montre. L’écurie française a reçu en décembre son unique exemplaire de la Rebellion R13 d’origine Oreca et doit désormais s’activer à comprendre son fonctionnement et préparer l’auto afin d’être prêt pour les essais officiels programmés les 13-14 mars prochains. Si la composition de l’équipage qui prendra son volant est encore inconnue, le programme Alpine suscite déjà quelques questionnements de la part d’une concurrence qui s’inquiète d’être battue par une ancienne LMP1.

Il faut dire que la stratégie d’Alpine est particulièrement bien pensée. Plutôt que de concevoir un bolide depuis une page blanche, la firme représentante du Groupe Renault a fait le choix de réutiliser la Rebellion R13, la meilleure LMP1 privée. Performante, elle a donné du fil à retorde à l’unique équipe officielle Toyota. Surtout, elle dispose d’une excellente fiabilité, acquise au fur et à mesure des saisons disputées. Si Alpine doit la comprendre, son potentiel n’est plus à démontrer.


La forme de la firme au A fléché va également dépendre de la façon dont les organisateurs vont équilibrer le rapport de force entre l’ancienne LMP1 et les nouvelles Hypercar. Naturellement, la première citée est plus rapide. Elle devra donc être ralentie à l’aide d’une Balance des Performances. Certains concurrents craignent que cela ne suffit pas, et voient en Alpine une sérieuse prétendante à la victoire, notamment aux 24 Heures du Mans.

" Ils ont une voiture qui peut finir 24 heures sans problème, ils ont une bonne fiabilité ", constate Kazuki Nakajima, l’un des pilotes Toyota, pour le compte de Motorsport.com. " Puis ça dépendra vraiment de l'EoT entre eux et nous. Ce sera plus difficile pour nous car notre vitesse est limitée de toute façon, mais la leur dépend vraiment de l'EoT. "

" Ce ne sera pas amusant si l'Alpine est plus rapide que nous, car personne n'ira dans la catégorie Hypercar ", renchérit son équipier Kamui Kobayashi, toujours au micro de Motorsport.com. " Je ne sais pas ce qu'ils espèrent. Pour nous, c'est une nouvelle voiture, et l'Alpine est une voiture établie, et l'équipe a de l'expérience. "


De son côté, Alpine Endurance Team ne souhaite pas d’un combat tronqué mais n’entend pas pour autant se faire léser. L’équipe française a cependant confiance envers les organisateurs pour trouver un juste équilibre entre les deux types de prototypes.

" Il faut que l’histoire soit crédible ", affirme Philippe Sinault, le Team Manager d’Alpine Endurance Team, à Endurance-info.com. " J’ai conscience que l’exercice de style de la part de l’ACO et de la FIA est compliqué car les technologies des prototypes sont différentes. Je suis rassuré sur la crédibilité du projet quand je vois le travail fourni par les équipes de l’ACO/FIA. Il faut que l’on puisse jouer à armes égales, que chaque acteur soit en capacité de gagner. C’est ce qui a fait que l’on s’est engagé. Tout le monde se donne beaucoup de mal pour que ça fonctionne. "

Si les moteurs n’ont pas encore émis le moindre bruit, on comprend que la saison 2021 a d’ores et déjà débuté en coulisse, car ces discussions peuvent sceller le sort de cette nouvelle campagne d’Endurance. Alpine a définitivement une carte à jouer pour inscrire une belle ligne à son palmarès, mais celle-ci se doit d’être acquise que si une lutte équitable est mise en place. On peut compter sur les différents acteurs impliqués pour l’obtenir, car il en va de la crédibilité du championnat.