Si en 2010 Malaysia F1 (Ex Lotus) n'a pas inscrit le moindre point, elle n'en a pas moins fait une honnête première saison et l'avenir de l'équipe s'annonce sous de meilleurs auspices.


Des 3 nouvelles équipes, Lotus est celle qui a eu le moins de temps pour se préparer à la saison 2010. Avant de penser à la conception il a fallut attendre que la FIA désigne Lotus pour 2010 et... que l'équipe construise son usine. Contrairement à HRT qui s'est appuyé sur Dallara et Virgin sur Manor, Lotus à dû se débrouiller toute seule pour 2010. Pas une mince affaire quand on sait que lors de son arrivée en 2002 Toyota avait plus d'un an de préparation et avait conçu une voiture début 2001 la TF1-01 qui ne courra jamais. Malgré tout dès qu'elle fut posée sur l'asphalte de Montmelo, la T127 fut immédiatement fiable et l'équipe a ainsi pu commencer très tôt sa mise au point. Grâce à un excellent tandem de pilotes (bien meilleur que celui de nombreux teams établis) le chassis a régulièrement progressé et conservé une fiabilité supérieure à celle de ses concurrents directs, en dépit d'un système hydraulique X-trac (qui fut également utilisé par Virgin et HRT) à la fois peu performant et surtout pas très fiable. Bien qu'elle put entrer en Q2 dès son 3ème grand prix (merci les stratèges de chez Ferrari et McLaren !) l'écart avec les équipes de pointe diminua progressivement. Suffisant pour terminer 10ème du championnat, Virgin se contentant grâce à Glock de dominer marginalement les pilotes Lotus. Dès la mi saison il était évident que Lotus allait gagner son bras de fer avec Virgin, le développement de la monoplace diminua, mais pas celui de l'équipe.

Un accord pour utiliser le moteur Renault et la transmission RBR était conclu et dans le même temps l'équipe a mis en chantier 2 souffleries. L'atout de Lotus (prochainement Malaysia) c'est Mike Gascoyne. Cet ingénieur expérimenté a monté ou remonté chaque équipe où il est passé. La superbe période 1998-1999 de Jordan, c'est lui. La montée en puissance de Renault avec en point d'orgue la victoire d'Alonso en Hongrie en 2003 c'est encore lui. La meilleure saison de Toyota en 2005 avec 5 podiums et 2 pôles, c'est toujours lui ! La progression de Force india l'an dernier et cette année, c'est également lui. Bref le monsieur a de la bouteille et sait ce qu'il fait. De plus il dispose d'un budget conséquent. Alors quelles perspectives pour 2011 ?

Du côté des points positifs le changement de motorisation et transmission ne perturbera pas du tout la gestation de la monoplace de l'an prochain (passer d'un Honda au Mercedes n'a pas empêché Brawn de gagner le titre et passer de Ferrari à Mercedes n'a pas non plus gêné outre mesure Force India). Si les pilotes n'ont pas été tous les 2 confirmés pour l'an prochain (un échange Kovalainen-Petrov avait été un temps pressentit puis la rumeur s'est dissipée) ils devraient tout 2 rempiler. Autre point positif plusieurs équipes sont "prenables". Sauber tout d'abord. Bien que leur voiture 2010 fut conçue du temps de BMW (et avec les moyens qui vont avec), ce ne fut pas une grande réussite et ce n'est certainement pas les sponsors de cette équipe qui permettront de financer une monoplace 2011 compétitive, la livrée des Sauber étant désespérant vierge cette année. Toro Rosso ensuite. Pour la première fois depuis 2005 Faenza a dû concevoir sa propre monoplace, même si celle-ci était une évolution de la Red Bull de 2009. Le résultat fut extrêmement décevant et la base Red Bull 2009 ne sera pas éternellement compétitive. 2011 risque donc d'être une année délicate, avec un moteur Ferrari clairement inférieur au Mercedes en terme de puissance et au Renault en terme de consommation. Minardi était la moins bonne équipe avant son rachat par Red Bull et le fait de se voir imposer ses pilotes (inexpérimentés) n'aide pas non plus, sauf quand on tombe sur une perle genre Vettel en 2008. Toro Rosso est la cible la plus réaliste pour Lotus.

Pour autant tout n’est pas si rose pour 2011, l’équipe ne sachant finalement pas si elle peut conserver le nom " Lotus " elle pourrait perdre les avantages de sa 10ème place au championnat des constructeurs (gratuité de transport, garages plus grands…). 2011 marquera également le retour du KERS et Lotus a déjà annoncé qu’elle ne l’utiliserait pas. Si en 2009 les gains d’un tel système étaient faibles en course (pour ne pas dire inexistants) les récents développements, l’augmentation de la masse minimale des F1 (645 Kg) ainsi que le centre de gravité imposé devraient rendre le KERS indispensable pour viser le haut du tableau. Enfin, si les progrès chronométriques furent impressionnants, au soir d’Abu Dhabi, Trulli rendait encore 1.8s aux Toro Rosso, un écart gigantesque.

En résumé Lotus va progresser en 2011, il ne peut en être autrement. Reste à savoir si elle sera en mesure de chatouiller Toro Rosso, Sauber, voire FI et d’inscrire ses premiers points ou si elle devra passer une 2ème année vierge… Les paris sont ouverts !