À travers son activité de motoriste, le nom de Renault perdure en Formule 1 aux côtés de son écurie usine Alpine. Un Losange des plus occupés ces derniers temps avec le lancement d’un tout nouveau Power Unit et la préparation – déjà – de la prochaine ère. Une nouvelle réglementation attendue pour 2026 à laquelle il faut se préparer dès aujourd’hui.

Pas de temps à perdre pour Renault. Il y a quelques mois à peine, la firme de Boulogne-Billancourt lançait un tout nouveau moteur. Une copie entièrement revue qui apporte satisfaction sur le plan de la performance – les spécialistes s’accordent à dire qu’il accuse moins de dix chevaux de retard sur la référence du plateau – mais dont la fiabilité est encore perfectible.

Les employés de Viry-Châtillon s’emploient aujourd’hui à renforcer la solidité du bloc tout en peaufinant les domaines qui ne sont pas encore gelés mais qui le seront le 1er septembre prochain. En parallèle, les regards se tournent progressivement vers 2026 où une nouvelle réglementation sera introduite. Si les contours ne sont pas entièrement définis, les grandes lignes sont, elles, connues.

Une réglementation qui devrait accroitre la compétitivité de la Formule 1 avec les arrivées attendues d’Audi et Porsche, en accompagnement de Mercedes et Ferrari. Des mastodons du premium et du sport automobile sur lesquels Renault peut puiser pour étendre sa motivation et abreuver son désir de succès.


Réorganisée récemment, l’entité de Viry-Châtillon désormais dirigée par Bruno Famin est consciente de ce nouveau défi. Pour y répondre, des réflexions autour du concept technique sont menées dès à présent, en parallèle d’une campagne d’investissements pour moderniser les locaux.

" Nous avons commencé à explorer certains sujets ", affirme le français pour le compte de The-Race.com. " Nous investissons maintenant car les sujets clés de la réglementation 2026 sont déjà connus, […], nous adaptons nos installations pour être en phase avec ces nouvelles technologies, ces nouvelles réglementations. "

" Vous devez également investir car il y a toujours quelque chose de nouveau dans la manière de tester, de moteurs, de composants - toujours quelque chose à apprendre. Vous devez optimiser car le nombre d'heures sera réduit, vous devez optimiser pour changer votre façon de tester. Nous travaillons là-dessus, c'est sûr ", ajoute-t-il.

Et si Renault pense fortement à 2026, la firme de Boulogne-Billancourt n’oublie pas pour autant qu’il y a quatre saisons à mener d’ici là. Au-delà de perfectionner l’actuel Power Unit, étendre la présence de celui-ci sur la grille est un sujet qui revient de façon régulière. Un accord avec Andretti a été scellé en vue d’une arrivée pour 2024 mais la présence de l’écurie américaine n’est pas assurée.


Dans le paddock de Miami, le clan Red Bull (Red Bull, AlphaTauri), Mercedes, Haas et Alfa Romeo ont en effet publiquement partagé leurs réticences à l’idée d’accueillir une onzième équipe sur la grille, aussi sérieuse soit-elle. La principale raison est d’ordre financière puisque l’ajout d’un nouveau concurrent implique de diviser un peu plus les revenus chaque année.

Une part de gâteau amoindrie source de cristallisation malgré les 200M$ du ticket d’entrée que devra payer Andretti pour compenser ce manque à gagner. Pas un problème pour la structure américaine qui dispose d’un large soutien financier.

Andretti doit également convaincre la Formule 1 et la FIA du sérieux de son initiative. Le Grand-Prix de Miami a été l’occasion de rencontrer ces acteurs, de Mohammed Ben Sulayem (FIA) à Greg Maffei, le patron de Liberty Media. Dans les deux cas, les discussions ont été positives sans pour autant obtenir de réelles garanties sur l’obtention d’un accord final.

" Je pense qu’il [la FIA, ndlr] nous soutient, mais il y a une grosse procédure par laquelle il nous faut passer ", affirme Michael Andretti. " Il a dit qu’il soutenait la démarche. Il y a encore beaucoup de chemin à accomplir. Mais c’est bien, Mohammed a aimé ce que nous lui avons présenté. Je ne veux pas trop en dire car ils ne veulent pas trop en parler. Mais il y a du positif. "

" J’ai parlé à Greg et je lui ai dit de laisser tomber l’appel d’offres car nous battrons tout le monde ", poursuit l’homme fort du projet américain. " Mais s’il veut en faire un, pas de souci, c’est tout ce que je demande d’avoir une chance d’être la 11e équipe. Laissez-nous essayer. Nous avons d’excellents investisseurs. L’argent n’est pas le problème. "


" Il est possible que nous puissions augmenter le nombre d’équipes au fil du temps ", précise de son côté Greg Maffei. " Je ne pense pas que ce soit un besoin urgent. Il y a beaucoup de gens qui aimeraient que nous le fassions. La plupart d’entre eux veulent participer. Mais nous n’avons pas ressenti ce besoin. "

" Je pense qu’il y aurait beaucoup de facteurs, et le fait d’être Américain peut être positif, mais nous examinerions toutes les choses qu’une nouvelle équipe pourrait potentiellement apporter, et pas seulement l’accès à de nouveaux marchés. Les opportunités de capitaux qu’ils connaissent, le marketing, la technologie, toutes ces choses seraient intéressantes pour nous ", ajoute-t-il.

Malgré toutes ces barrières, la détermination d’Andretti reste intacte. Il y a une vision claire de la part de ses dirigeants sur la façon d’organiser la future écurie. L’accord moteur avec Renault a été sécurisé, tandis que l’identité de l’un des pilotes est connue, il s’agit de la star montante Colton Herta.

" Si tout fonctionne, alors nous serons en Formule 1 en 2024, j’en suis convaincu ", estime Mario Andretti. " Nous avons un partenaire moteur. Nous avons les finances nécessaires, nous avons certainement le savoir-faire. Mais nous devons tout réunir pour pouvoir entrer selon les exigences de la FIA. Très probablement Colton Herta [pilotera pour nous]. Je reconnais en lui une soif profonde de réussir et il veut également aller en Formule 1. "

" [Nous espérons] pouvoir débuter [la construction des locaux] au mois d’Août. Nous dépensons de l’argent pour lancer le bal, car nous espérons vraiment que ça se fasse. Nous prenons un risque, mais je pense qu’il vaut le coup. Parce qu’il faut nous lancer ", conclut de son côté un ambitieux Michael Andretti.