Plus la fin de saison approche, plus Eric Boullier demande à Vitaly Petrov de prouver sa valeur, et plus les rumeurs de transfert pour remplacer le rookie russe vont bon train. Ce n'est pourtant pas cela qui va perturber Gérard Lopez, patron de Genii Capital, actionnaire majoritaire du Renault F1 Team. La dernière en date concerne Kimi Raikkonen, jeune retraité de la Formule 1, et nouveau nom sur la liste des remplaçants possible pour le second baquet RF1.

Si l'intérêt de Renault pour le finlandais est une réelle information, Raikkonen devra d'abord démontrer sa motivation avant de devenir une réelle alternative pour Gérard Lopez.

"C’est drôle parce que les gens pensent que maintenant que les choses vont bien nous allons changer nos pilotes" s’étonne le luxembourgeois dans une interview accordée à Autosport. "Il y a un certain pilote de rallye qui n’était plus intéressé par la Formule 1 qui souhaite revenir, étrangement avec nous, mais nous n’en sommes pas encore là."

Malgré une saison en demie teinte, ponctuée par de belles courses et aussi de gros ratés, Vitaly Petrov est encore susceptible de garder son baquet en 2011. Ce n'est pas non plus un secret, Petrov est un bel atout marketing pour le Losange, qui est avec lui susceptible d'attirer nombre de sociétés russes. Alors, une saison pour apprendre, une saison pour gagner aux côtés de Robert Kubica ?

"Vitaly n’est pas un pilote payant, même s’il a apporté des sponsors. C’est un bon pilote, il a terminé deuxième en GP2. De plus, il est soutenu par beaucoup de gens en Russie, nous serions stupides de ne pas considérer qu’il y a un business derrière. Mais nous devons construire le pilote qui est un élément important pour nous, tout comme l’est Robert [Kubica]."

La décision concernant le second pilote sera l'addition de nombreux paramètres, notamment sportifs et financiers. Et cet aspect sponsoring touche particulièrement Lopez, toujours en quête de contrats afin de rendre possible les ambitions sportives.

"C’est très important. Nous devons pousser notre équipe à réussir parce que nous utilisons la Formule 1 comme une plate-forme pour faire des affaires. C’est une question d’image. [...] Les gens aiment faire des affaires avec des équipes qui gagnent. Pour nous, la considération la plus importante, en dehors de celle du [team principal] Eric [Boullier] et de l’équipe qui doit être capable de gagner à nouveau, est de faire des affaires. Et c’est d’autant plus important maintenant que nous avons solidifié l’équipe."

Cette saison a en effet été une année de transition, avec la mise en place d'une écurie plus saine, motivée comme jamais. Après cette phase doit alors venir une saison de reconquête, avec l'assouvissement d'ambitions sportives non dissimulées: se battre pour le titre. Mais en F1, et plus que dans tout autre sport, l'argent est le nerf de la guerre, et pour gagner le team a besoin de solides sponsors.

"Il est encore plus important maintenant de construire l'équipe, et d'utiliser cette plate-forme pour le plan commercial de la chose. Et le fait que nous discutions de plus en plus avec des entreprises qui veulent accéder à la F1 par le biais de Renault parce que nous proposons de nouvelles choses, je pense que c'est encore plus important pour 2011 que ce ne l'était en 2010. En 2010, nous avons dû reconstruire. En 2011, nous pouvons nous concentrer sur le business".

Certaines rumeurs ont prêté à Renault l'envie de racheter les parts cédées à Genii Capital à la fin 2009. Pour Gérard Lopez, la question ne se pose même pas, on ne sépare pas une équipe qui monte en puissance.

"La question ne se pose même pas" dit-il. "Nous avons intérêt à ce que cette équipe gagne des courses, que cette équipe remporte le Championnat de nouveau, et nous espérons que si tout va bien nous serons encore là dans 10 ans. Et peu importe combien de fois les gens nous posent la question, il n'est pas dans notre intention de vendre nos parts. Ce n'est pas une entreprise comme les autres".


"Il suffit donc de ne pas se précipiter, de sauter trop rapidement aux conclusions, en supposant certaines choses comme le fait qu'une équipe n'est pas intéressée à long terme, ou qu'une équipe se résume à deux gars qui sont entrés, qui ont juste pris un peu de plaisir et qui se sont déjà ennuyés de leur nouveau jouet, et qu'ils veulent passer à autre chose - ce sont des raccourcis que les gens ne doivent pas prendre. Cela nous pousse à prouver davantage encore le contraire."

"La F1 est un environnement plutôt égocentrique, il y a beaucoup de jalousie", concède-t-il. "C'est assez drôle parce que les gens se prennent un peu trop au sérieux. Et, en même temps, c'est un peu ... ce n'est pas très intelligent. Au fond, c'est un sport où le sport bénéficie aux équipes, qui essayent de ne pas aider les autres parce que c'est une compétition, mais tout en essayant de trouver ensemble des façons d'aider le sport."