C’est une semaine chargée pour Alpine. Entre deux courses de Formule 1, le A fléché célèbre deux évènements majeurs pour sa marque. Il y a d’abord eu le lancement du nouveau modèle A390 – en présence de Zinedine Zidane et Pierre Gasly – en début de semaine, puis, ce week-end, l’anniversaire des 70 ans du constructeur, avec une fête exceptionnelle organisée à Dieppe. L’occasion pour les cadres dirigeants d’Alpine de rappeler les ambitions, tant pour la vie série que pour la Formule 1.

Le Grand-Prix d’Espagne sera disputé en simultané de l’évènement majeur organisé dans sa ville normande de naissance. Alpine sera ainsi à l’honneur à Dieppe pour ses 70 ans. Pour l’occasion, l’A525 dispose d’un logo spécial et ses pilotes utiliseront une combinaison rétro du plus bel effet. Tout au long de la semaine, les cadres majeurs se sont exprimés sur Alpine, son Histoire, sa stratégie et bien évidemment ses difficultés en Formule 1.

Car il faut bien l’admettre, à l’heure où le centre de Viry-Châtillon se prépare à devenir Hypertech, la discipline reine des sports mécaniques reste l’unique épine du pieds du A fléché. Le Groupe Renault est en effet leader du championnat du monde de Formule E, de Rallye-Raid W2RC, et un acteur majeur de l’Endurance WEC. Mais en Formule 1, Alpine n’est que neuvième du classement des constructeurs, accumulant déception sur déception.

L’arrêt du moteur Renault au profit d’un bloc client Mercedes pour la saison 2026 ne cesse d’alimenter l’idée d’une vente, renforcée par le manque de performance et les tergiversions en coulisse. Pour autant, la Direction d’Alpine se veut très rassurante pour le futur du projet. Non seulement l’équipe restera la propriété du Groupe Renault, mais les ambitions de titre(s) et de victoire(s) dès 2026 restent intactes.

" Je profite de ce moment pour réitérer que nous n’avons aucune intention de vendre l’écurie Alpine ni de quitter la Formule 1 ", déclarait Luca de Meo en marge de la révélation d’A390. " La compétition est au cœur de la stratégie d’Alpine et Renault a les moyens d’y parvenir. Nous avons une équipe qui travaille dur pour obtenir les résultats qu’elle mérite. Nous sommes honorablement présents au Dakar avec Dacia, nous avons obtenu nos premiers podiums en Championnat du monde d’endurance et nous poursuivons sur cette lancée en F1. "

Mis à la tête du projet depuis 2024, Flavio Briatore doit gérer des situations compliquées depuis son arrivée, et l’année 2025 poursuit cette tendance. Les changements de pilotes et le départ surprise d’Oliver Oakes suscitent de vives critiques, peu aidées par les résultats moroses obtenus jusque-là. L’italien tient cependant le cap et assure maintenir son plan pour les années à venir. Alpine doit devenir une force majeure avec le nouveau cycle réglementaire.

" C’était une décision très difficile à prendre de récupérer la motorisation Mercedes ", rappelle Flavio Briatore dans un entretien pour LeMonde. " Mais, dans notre sport, pour gagner, on doit avoir les mêmes possibilités que les autres. Pour un million de raisons qui appartiennent au passé, nous avions un handicap à ce niveau. En 2026, il n’y a plus d’excuse : il nous faut être compétitifs. On le doit à Renault, à Alpine et à Luca de Meo, qui a pris ses responsabilités en faisant un choix aussi radical. "

" On participe à une compétition pour gagner, et, avec le nouveau règlement en 2026, les écuries qui en feront la meilleure interprétation auront l’avantage, […] en 2026, on peut gagner des courses. Et, en 2027, on se prépare pour le championnat du monde ", ajoute-t-il.

" Je pense que nous sommes alignés ", confirme de son côté Pierre Gasly. " Je parle beaucoup avec Flavio. En tant qu’équipe, nous sommes tous conscients des opportunités qu’apporte le nouveau règlement. Nous savons probablement qu’il s’agit de notre meilleure chance et de notre meilleur coup en tant qu’équipe au cours des 10 à 12 dernières années. C’est une refonte complète, on part d’une page complètement nouvelle. Il y aura un changement de moteur, ce qui est évidemment une grande chose pour l’équipe. "

" En essayant la voiture dans le simulateur, c’est très différent de ce que nous voyons maintenant. Je pense donc que c’est un grand défi, un défi technique pour notre équipe. Je peux voir que le personnel, l’expérience et les processus que nous mettons en place à l’usine sont bien meilleurs que lorsque j’ai rejoint l’équipe en 2023, donc il y a tout ce qu’il faut pour apporter cet optimisme à l’équipe et être conscient qu’il y a clairement une énorme opportunité que nous devons saisir à partir de l’année prochaine ", ajoute-t-il.

Pierre Gasly est aujourd’hui le leader d’Alpine et devrait le rester au moins sur les premières années de l’introduction de la nouvelle réglementation. Les rumeurs vont cependant bon train quant à la constitution finale du duo du A fléché. Sergio Perez, Mick Schumacher ou encore Paul Aron sont nommés comme des candidats potentiels, en plus bien sûr de Franco Colapinto et, il ne faut pas l’oublier, Jack Doohan.

" Le plus facile, c’est de prendre Max Verstappen, mais on ne le peut pas ", ironise Flavio Briatore à ce sujet. " On doit regarder ce que l’on a dans l’équipe. Chez Alpine, on a la possibilité d’avoir deux ou trois pilotes. On a Pierre Gasly, qui est très bon. Il peut devenir un ‘’top driver’’, mais il doit être encore un peu plus concentré. Si tu démarres mal une course, tu perds trois ou quatre positions, et tu ne les récupères pas. "

" Avec une meilleure voiture et une concentration plus importante, il peut être ce pilote. La saison dernière, ses quatre dernières courses ont été très bonnes. Pour moi, il y a Verstappen tout en haut et, derrière, Pierre, Charles [Leclerc] et quelques autres. La vitesse, tu l’as ou tu ne l’as pas. Pierre l’a ", estime l’italien.

" Franco Colapinto, on l’a mis dans la voiture. Il a aussi la vitesse ", estime l’homme fort d’Alpine. " Sa première course a été difficile. Il lui manque encore la capacité à gérer la pression. Si tu as la vitesse et que tu vas dans le mur, ça ne sert à rien. "

L’argentin a d’ailleurs fait preuve d’une très grande prudence à Monaco, en sacrifiant du rythme pour s’assurer de finir la course sur l’un des circuits les plus difficiles du championnat. L’expérience doit s’accumuler pour débloquer le potentiel et confirmer tous les espoirs placés en lui. Il joue, à ce titre, son baquet pour la suite de la saison mais aussi et surtout pour l’année 2026.

En fonction de ses performances, il n’est pas à exclure qu’un autre remplacement soit envisagé. Alpine pourrait même profiter de 2025 pour assainir ses finances et prioriser les revenus apportés par ce second baquet. C’est en tout cas l’affirmation de certains médias évoquant des arrivées de Mick Schumacher et Paul Aron pour la suite de cette campagne. Rien n’est moins sûr cependant à ce stade.

Et l’urgence est avant tout d’apporter des points pour favoriser une meilleure place au championnat, et donc un bonus final bien plus important. Cela, en attendant de mettre en route le programme 2026 si ambitieux. Ce nouveau cycle réglementaire sera définitivement le vrai test d’Alpine, et de Flavio Briatore dont les résultats seront directement liés à ses décisions. La pression est de mise.