On aurait certainement espéré une autre fin pour l’association Toro Rosso-Renault, dont le mois de novembre coïncide avec les deux dernières courses du partenariat, avant un passage vers Honda pour l’écurie italienne. En prise à une inquiétante succession de pannes mécaniques sur son Power Unit depuis quelques épreuves, la structure de Faenza vit un vrai calvaire, et les deux entités de s’impatienter de la situation, au point d’atteindre aujourd’hui un point de non-retour, où à la fois Toro Rosso et Renault se rejettent la responsabilité. L’ambiance est définitivement très électrique au Brésil.
Relativement discrète et plutôt protectrice à l’égard de ses partenaires, l’écurie italienne hausse le ton ce week-end, ce qui est plutôt rare du côté de Faenza, laissant ce rôle à sa grande sœur Red Bull et son désormais emblématique conseiller sportif Helmut Marko. Deux éléments ont certainement poussé les hommes de Franz Tost à sortir de leur silence : les deux nouvelles pannes moteur subis vendredi matin lors des essais libres 1, et la sortie médiatique de Cyril Abiteboul, l’homme fort de Renault, pour qui Toro Rosso ne serait pas étranger aux pépins techniques.
Il faut dire que Toro Rosso accumule les problèmes ! Si Red Bull et Renault ne sont pas exempts de ces soucis, l’écurie italienne enchaîne, notamment à Mexico où pas une seule séance n’a été effectuée sans une voiture immobilisée ! Le Losange estime avoir une part de responsabilité, mais tente de comprendre pourquoi cela est amplifiée à Faenza.
" Nous avons une petite préoccupation quant à la manière dont notre moteur est exploité dans la monoplace Toro Rosso, ce qui pourrait expliquer pourquoi nous avons eu autant de problèmes venant spécifiquement de Toro Rosso. Il n'y a jamais de coïncidences en F1 ", explique Cyril Abiteboul à Motorsport.com.
Ce à quoi Toro Rosso répond.
" C'est une grosse surprise que Cyril Abiteboul laisse entendre dans les médias que les problèmes dont souffre Toro Rosso avec l'unité de puissance sont d'abord liés à l'équipe, et à la manière dont l'unité de puissance est exploitée dans le châssis STR12 ", affirme, surprise, l’écurie italienne, dans un communiqué de presse.
" Nous voudrions clarifier le fait qu'aucune des défaillances du MGU-H ou des conduits dont Toro Rosso a récemment souffert n'est associée à la manière dont l'équipe exploite ou intègre l'unité de puissance dans le châssis. Rien n'a changé ou été altéré dans cette installation durant la saison 2017, mis à part des améliorations de refroidissement à mi-saison. Depuis la trêve estivale, Toro Rosso a souffert de défaillances continues liées à l'unité de puissance, entraînant des pénalités sur la grille qui ont coûté des points et des places au championnat constructeurs ", ajoute-t-elle.
La réaction de Toro Rosso a visiblement fortement agacé Cyril Abiteboul, filmé peu avant les essais libres 3, en pleine discussion – et énervement – avec Helmut Marko. Il faut dire que la publication d’un communiqué de presse est un symbole fort, et peut-être exagéré estimeront certains. Chacun se fera une opinion.
Toujours est-il que l’origine des pannes pourrait être liée au manque de pièces neuves disponibles. Un scénario évoqué par Toro Rosso et… Renault !
" L'une des raisons principales que nous voyons à ces problèmes est le manque de nouvelles pièces disponibles pour l'unité de puissance. Dans le cas de Toro Rosso, l'équipe doit constamment changer les pièces d'une unité de puissance à l'autre pendant le week-end et, à plusieurs reprises, a été contrainte de rouler avec des assemblages d'anciennes spécifications ", explique la petite Scuderia.
" Nous n'étions pas partis du principe que nous aurions ces problèmes, et donc, à un moment donné, il faut gérer les choses avec les pièces que l'on a ", ajoute de son côté Cyril Abiteboul.
" Avec les questions de logistique et de timing, il y a une limite à ce que l'on peut faire et au nombre de pièces que l'on peut apporter, évidemment. C'est un effet boule de neige. "

Certains estiment d’ailleurs que l’écurie italienne pourrait manquer Abu Dhabi, faute de pièces disponibles !
" Toro Rosso ressemble à un magasin de pièces d’occasion maintenant ", plaisante avec un sourire jaune Helmut Marko.
Les deux entités semblent au moins d’accord sur ce point. Cette nouvelle crise, dont on commence à être habituée avec le clan Red Bull, n’est certainement pas terminée, d’autant que Renault lutte contre Toro Rosso au championnat des constructeurs, laissant à cette dernière le sentiment d’être mise de côté pour aider l’équipe usine. Chacun cherche peut-être à déstabiliser l’autre, dans ce qui constitue l’un des derniers enjeux de ce championnat 2017. Une fin définitivement triste pour une association jusque-là sympathique.