C’est un indicateur important à l’heure où l’automobile traverse une période compliquée, et où les économies sont recherchées à tous les niveaux. Jusque-là bénéficiaire, Alpine a annoncé le premier bilan négatif de son exercice financier en Formule 1. Pour l’année 2024, l’écurie française basée à Enstone a annoncé une perte de 16.8M€ (£14.6M). En 2023, Alpine générait un profit de 9M€. Il n’est pas nécessairement clair comment la facture moteur est intégrée dans ces résultats.

C’est une conséquence de la chute de la quatrième à la sixième place d’Alpine lors de la saison 2023. Le A fléché a perdu près de 13% de bonus de résultat suite à son recul au classement des constructeurs. Le revenu sponsoring, stable, n’a pas compensé ce manque à gagner. Le chiffre d’affaire s’établit à 274.3M€, c’est légèrement moins que l’année précédente, avec une baisse de 13.2M€.

La situation d’Alpine n’est toutefois pas dramatique. À titre de comparaison, Williams a annoncé 58.2M€ de pertes (67.3M$), Red Bull enregistre de son côté un profit de seulement 1.9M€. L’écurie usine du groupe Renault reste la deuxième structure basée en Grande-Bretagne la plus rentable derrière Mercedes, selon des informations de Blackbookmotorsport.com, avec un profit cumulé de 41.4M€ depuis 2020.

Ces résultats ne prennent pas en compte la valeur de l’écurie, avec une tendance très positive ces dernières années. Certaines structures dépassent le milliard – c’est certainement le cas d’Alpine qui, en 2023, avait vendu 24% de ses parts pour un montant, déjà, de 200M€.

Cela ne prend pas en compte, également, les retombées marketings, l’exposition télévisuelle, les évènements associés et les synergies techniques apportées par la Formule 1. Une présence pertinente pour une marque sportive en quête de notoriété internationale. Ces 16.8M€ de perte représentent à peine 210 spots TV de 30 secondes diffusés sur la chaîne TF1 de 19h à 23h (estimation : 80.000€/spot), là où la discipline rayonne sur l’ensemble de la planète et non uniquement en France.

Néanmoins, un bilan financier annuel positif est important vis-à-vis de la Direction d’un grand groupe, avec le risque d’une décision à court terme si d’importantes économies sont nécessaires. Renault a déjà fait le choix d’arrêter le développement de son propre moteur dont le coût était estimé à environ 100M€, pour obtenir un bloc client à 17M€.

Dans l’industrie, tous les constructeurs sont à l’affût de réduire ses coûts. Des rumeurs évoquent une suppression de 3.000 emplois chez le Losange en dépit d’une dynamique commerciale positive. Le manque de résultats en 2024 et surtout en 2025 ne devrait pas aider à rétablir un bon équilibre financier. La situation est cependant connue et validée par François Provost qui a donné son accord pour le maintien du programme en 2026.

Cette nouvelle campagne, marquée par l’introduction du nouveau règlement technique, doit permettre à Alpine de retrouver le haut du classement, et donc de bénéficier de bonus de résultats nettement plus élevés.